Un retour en arrière loin dans l’Histoire, nous fait découvrir que le nom de Chérence a pour origine l’anthroponyme gallo-romain Carantius ou Carentius et du latin villa, domaine rural. Le territoire de la commune est occupé dès le Néolithique, probablement de façon continue comme l’attestent les vestiges archéologiques retrouvés.
La réputation de Chérence est attachée depuis le Moyen-Âge à la qualité de la pierre extraite des carrières qui l’entourent, partagées parfois avec les communes de Vétheuil et de Haute-Isle. Il n’empêche qu’en 1374 on retira de « la carrière Saint Leu de Chérens » la pierre nécessaire à la construction de l’église Sainte Christine du prieuré des Célestins de Limay et des remparts de Mantes. Plus tard en 1757, 300 voussoirs du pont de Mantes construit par Perronet furent taillés dans de la pierre de Chérence.
Le matériau était si bon qu’on l’employa ensuite pour l’édification de la Madeleine, de l’église Saint Vincent de Paul, de l’Arc de Triomphe, des chevaux du pont d’Iéna à Paris ; du pont de pierre et de l’église de Bon-Secours à Rouen ; de la chapelle de l’Hospice Saint Charles à Rosny. L’extraction qui employait une centaine de carriers dans les années 1830 fut abandonnée à la veille de la seconde Guerre Mondiale. On imagine l’importance des charrois nécessaires au transport des blocs de pierre, certains pesant une demie tonne. En 1757, chacun des « haquets » tirés par 5 chevaux ne pouvait faire que trois voyages par jour pour rejoindre le port de Vétheuil.
Avant la création de la voie ferrée Gisors-Vernon par la vallée de l’Epte en 1870, le trafic à destination de Rouen ou de Paris se faisait par la Seine au port de Vétheuil où les « besognes » étaient tirées par 12 à 14 chevaux. Les tombereaux ne pouvaient circuler qu’à la bonne saison du fait du mauvais état des chemins, pentus, défoncés par les pluies, crevés de fondrières. A la fin du XIXe siècle, les fardiers prirent la direction de Gasny, dans l’Eure, pour charger les plateaux au chemin de fer. On retrouve la pierre de Chérence dans de nombreux lavoirs de ce coin du Vexin comme margelle sur lesquelles les lavandières battaient leur linge.
(source : Lucien Bresson, 1995)